Photos Nicolas Joubard
Petit Traité POP du jardin botanique
Création en juillet 2004 à Arras et aux Tombées de la Nuit, Rennes
Un spectacle pour deux voix solistes, quatre musiciens et quelques accessoires
Argument
Au départ, une approche quotidienne du jardin et du potager, une attention aux détails des espèces et des floraisons, une inspection des zinnias, des roses rugosa, des véroniques, des spirées, des hébés, des nénuphars et des mille-pertuis, de la lavande, des saules et des hortensias, un certain regard… Exploration d’un jardin, récits de découvertes botaniques qui se transformeraient par la magie d’une scène en de petites miniatures musicales, une suite de « pop-songs », dans la tradition de Brecht et Weill. Jeu des analogies, des ressemblances, des mondes et des paroles croisés. Et si cela formait un tout ? Le jardin est un endroit clos dont les limites sont décelables à l’œil nu, comme la scène d’un théâtre ou la durée d’une chanson. Un assemblage d’espèces, d’arbres, d’essences et de classification, comme des miniatures musicales contrastées, des exercices de style, une suite de plans, de perspectives et de chemins. Relation, verticalité, harmonie, symétrie et assymétrie rythmique, exotisme musical, emprunt, raffinement… Importation, mélange de technique et de naturel, de local et de lointain… Les analogies abondent pour qui veut bien se mettre à hauteur, renouer avec les perspectives. « Le petit traité pop du jardin botanique » est un voyage où se croisent Buffon et les Beach Boys, succession de courts récits aux enchaînements contrastés, de « songs » et de séquences acoustiques, électriques, d’hybridations de timbres. La « pop » ne peut-elle être ouvragée comme le jardin, une culture qui dose le populaire et le savant, l’émotion et l’érudition, les citations et les innovations ?
Presse
Ouest France, 8 Juillet 2004
Festival les Tombées de la Nuit
Le Petit traité pop du jardin botanique est à mettre dans le bouquet de tête des Tombées de la Nuit. Quelque chose entre le concert et le spectacle, entre la pop anglaise et une série de tableaux précieux. Même le nez prend du plaisir.
Une petite cabane de jardin, des bosquets taillés à la française, un bassin propret… Le décor du Petit traité pop pourrait accuellier un Marivaux sans faire rougir les fleurs qui le parsèment. Mais ce sont bien des musiciens qui entrent en scène. En salopette du jardinage, soit, mais des musiciens. D’ailleurs, quand ils lâchent leur sécateurs et leur pulvérisateurs, ils sont même très bons pour servir des pop songs bien troussées, voire énervées version “green-core” (évidemment!)
C’est velvetien (tendance Underground) dans la musique et wilsonien (de chez Bob) dans l’esthétique. Esthétique qui n’est jamais oubliée. La preuve, la batterie, instrument si disgracieux dans un jardin, est enfermée dans la cabane est retransmise via une télé dans les hortensias. Une télé où soudainement apparait Bowie pour le clin d’oeil. À l’inverse, les arrosoirs sont bien visibles. Ils deviennent même batterie sous l’emprise du batteur. D’ailleurs, tout finit par se transformer puisque le bassin lui-même devient une platine à vinyle et la tondeuse a gazon une guitare saturée.
Tout cela n’est pas très clair ? Peu importe. Il faut le voir pour le croire. Et même le sentir puisque toutes ces plantes finissent par nous chatouiller les nasaux. Sans oublier les plaisir des oreilles. Et ce n’est pas un détail avec des chanteurs comme Cathal Coughlan et Eva Schwabe, des musiciens comme François Ribac, Rémy Chatton, Bruno Desmouillières et Laurent Hestin. Tout cela est frais comme un parc après l’ondée, drôle comme un déjeuner sur l’herbe entre amis et doux comme une belle chanson pop.
Gilles Kerdreux