le 30 novembre 2024 – Hommage à François Ribac

English version below

..On a grandi et vieilli ensemble, même quand on vivait dans des lieux différents…

Une histoire partagée – de passions politiques – la « T3 » de la Ligue communiste révolutionnaire ; les attentes suscitées par les oppositions démocratiques dans les pays de l’Est ; les désillusions aussi ; et bien plus tard les numéros de Mouvements – mais aussi de fascination pour le surréalisme, de découvertes littéraires, picturales, et bien sûr musicales. C’est à François qu’on doit nombre de nos grands classiques, à commencer par les hilarantes mises en scène de Marthaler…

Car le partage, c’était aussi celui du sens de l’humour – celui, insolent, dévastateur de François, nourri de sa judéité…. François était un ami attentif, pudique, qui nous connaissait bien, comprenait parfois des choses qu’on ne savait pas nous-mêmes, respectait nos choix et nos goûts…

François nous a beaucoup appris, et jusqu’à la fin. La dignité. Il ne voulait pas subir. C’est avec beaucoup d’émotion que nous avons mesuré la confiance qu’il nous a témoignée alors que cette histoire commune allait s’interrompre avec la plus grande violence.
Pour tout cela, avec François, c’est une part de nous qui s’en va.

Irène Jami

Backstage à La Maline, Ile de Ré 2013

Je rencontre François pour la première fois il y a 38 ans, en 1986. Cette année-là, je reçois la commande de mettre en scène à Offenbach, une petite ville des environs de Francfort sur le Main, un spectacle adapté de Sur la route de Jack Kerouac….A Offenbach, je demande au commanditaire du spectacle de rassembler en plus des comédiens et comédienne, un petit ensemble de jazz avec lequel François se met immédiatement à répéter….

Je n’en mène pas large mais j’essaie de donner le change devant la troupe. Je prends exemple sur François si solide, précis et joyeux avec ses musiciens. C’est la leçon que je prends avec lui : pas de passion triste, il faut faire franchement ce qu’on a à faire, conscient des difficultés sans jamais leur laisser l’avantage….

Durant sept années consécutives nous multiplions les collaborations. François accepte de devenir le compositeur du festival Harlekin Art que j’ai fondé à Bayreuth et Turin, avant de l’installer à Metz. Il s’agit d’un festival très particulier. Cinq à six troupes de théâtre en voix de professionnalisation sont invitées ensemble annuellement durant deux mois. Elles sont sélectionnées sur leur projet de spectacle auquel le festival fournit une aide, intégralement financé par l’union Européenne. Outre l’hébergement et la restauration l’équipe professionnelle conseille la conception (mise en scène et dramaturgie) et réalise décors, costumes, masques, et musique de scène, que les troupes emportent avec eux avec le projet de se lancer professionnellement dans le monde du spectacle. Une douzaine de collaborateurs se partagent les groupes, mais François est le seul à composer les musiques de scène de tous les spectacles, peut-être en composa-t-il une quarantaine. Il travaille très intensément et très vite. C’est là que j’ai appris mon travail me confie-t-il plus tard.

Eva que j’ai connue à Berlin participe avec un groupe de jeunes comédiens. François compose pour son spectacle des chansons fabuleuses sur les Dolomites ou les bananes que les allemands de l’est viennent acheter à Berlin ouest le soir de la chute du mur. Ces deux-là se sont trouvés définitivement et je deviens leur ami à tous deux, si fier et touché par leur rencontre dans mon festival….

En 2019, renouant avec notre ancienne collaboration, je viens à Dijon pour participer au projet gigantesque du Grand Orchestre de la Transition. J’ai en charge le groupe des étudiants de l’université que j’initie au jeu du masque. Ils veulent représenter des entités non-humaines, glaciers qui fondent, torrents de montagne, inondations désastreuses, animaux qui fuient le réchauffement en s’enfonçant sous terre. Ils utiliseront des masques larvaires du carnaval de Bâle voisin sur une partition millimétrée composée par François. C’est eux qu’on voit sur la couverture du dernier livre de François, Arts de la Scène et Musique dans l’Anthropocène…

Didier Doumergue

avec Dave Gregory 2013 © Marie Monteiro

….Alors les conversations entre amis et parfois plus avaient évidemment pris la forme d’un groupe – Rature et Négation – très bon nom pour un groupe de punk rock – mais là on était encore plus ambitieux, on flirtait avec toutes sortes d’avant-gardisme : politique, littéraire, musical…et pour ce dernier il s’agissait beaucoup d’improvisation et un peu de jazz dit libre. François y avait une place toute particulière parce que lui la musique c’était sans aucune ambiguïté sa chose…

…François politique cela a aussi été, après la proclamation de l’état de siège en Pologne, en 1981, l’engagement dans le soutien aux oppositions démocratiques en Europe de l’Est, et les voyages pour apporter journaux clandestins, livres et matériel, et…faire des rencontres. En la matière, François faisait merveille. Un séjour mémorable, à Prague, a été celui où il nous a emmené voir un des musiciens du groupe de rock interdit Plastic People of the Universe avec pour résultat un rendez-vous qui a commencé une après-midi et s’est terminé le lendemain midi après une nuit à déambuler en ville, à parler de l’avenir de la Charte 77, à boire de la bière (pas François bien sûr) et à écouter de la musique entre son appartement, ceux de ses amis, et le musée où il travaillait comme veilleur de nuit.

Et puis chacun a suivi sa trajectoire, sans pour autant se perdre mais un peu à distance, ne serait-ce qu’à cause des déménagements. Heureusement, l’amitié ne demande pas seulement du temps, elle en crée aussi, d’une autre qualité, par exemple avec les invitations toujours renouvelées de François et Eva à séjourner à St Valérien, un autre lieu de vie partagée avec le jardin extraordinaire qu’Eva y entretenait, avec la mer à moins d’une heure, avec l’attention et l’humour dont François faisait preuve envers nos filles.

St Valérien a été aussi été la base d’une autre rencontre entre nous, cette fois autour de la musique et des sciences. François, l’autodidacte parfait, avait décidé de faire une thèse. Et il s’est mis à lire des sciences sociales de la culture comme il savait le faire depuis les années 118, en boulimique et dans des directions inattendues, en prenant notamment à bras le corps la question des savoir-faire, de l’apprentissage par la pratique, et de leurs rôles dans l’expérience musicale. Et comme le Jacotot de Rancière, capable d’apprendre et de penser par lui-même en disposant les relations avec l’autre de façon originale et propre, François a mobilisé ses amis, anciens et nouveaux. St Valérien cela a donc aussi été, de nouveau, des soirées, plus tout à fait des nuits, on vieillit, à parler bien sûr de la vie mais aussi des études sociales des sciences et des techniques. Avec pour point d’orgue, cet Avaleur de Rock fascinant avec ses pratiques, ses groupes, ses studios, ses supports, ses concerts, ses étiquettes…

Alors pour vous laisser, juste une citation, de « Racine carrée du verbe être » : « S’il est vrai que nous sommes plein de fantômes et que ces fantômes nous protègent comme nous protégeons ceux pour lesquels nous sommes des fantômes, alors je pense à vous que j’aurais aimés et je vous dis que vous êtes mes plus beaux fantômes. »
Ciao boy. Merci pour tout ce temps.

Jean-Paul Gaudillière

François était mon oncle et bien plus. Il a beaucoup compté dans ma vie. Son courage et son intégrité m’ont a la fois guidée et réconfortée. …

Je ne partageais pas toujours son intransigeance mais j’ai toujours respecte ses indignations, ses colères, sa droiture, sa capacité a se dresser…
Il était de ceux qui choisissent la justice au confort et il était sans doute parfois difficile mais il n’a jamais été médiocre. Il n’aurait jamais pu être lâche ou neutre, aurait probablement fait sienne l’idée que  «la neutralité profite toujours aux bourreaux, jamais aux victimes»…

Merci d’avoir incarné pour moi la possibilité d’une vie belle et sans compromission, de devenir adulte tout en gardant intact la pureté et la vulnérabilité d’un petit garçon de 63 ans, sans jamais se trahir , sans jamais renier, sachant voir et trouver l’amour et la beauté la où ils étaient…

François tu m’as m’a offert ton amour et ta compréhension, et tu m’a aidée à avancer.
Merci François d’avoir embelli ma vie.

Julie Creven

Au Studio MESA 2014

….Et puis François nous a regardées, Flora et moi, et il nous a dit de venir voir un truc. Le truc, c’était deux guitares, une pour Flora pour s’accompagner au chant, et la LesPaul pour moi.
Avec Flora et François, on s’est assis là-haut, dans le micro studio ou ses guitares s’empilent jusqu’au plafond. Flora et moi, on a improvisé, François a écouté, et puis il a dit «  les guitares sont adoptées  ».

…Il m’a dit de venir enregistrer dans le Morvan.
Je suis venue avec un copain, on a sorti la basse et la LesPaul, on a joué et on a chanté. On a enregistré un truc horrible, que François a réparé comme il a pu.
On a enregistré un truc horrible, mais on a appris plein de trucs. François m’a écoutée jouer de la guitare classique, quand même. Il m’a dit qu’il était content que je n’aie pas abandonné. Le conservatoire était un peu réhabilité…..

….Quand j’entends de la musique que je ne connais pas, je pense toujours à François. Ça arrive souvent, d’entendre de la musique qu’on ne connaît pas.
La musique, chez nous, c’est une histoire de famille. Une famille où il y a François et Eva.
La LesPaul, elle me manquera pas. Sa musique fera beaucoup de chemin avec moi. Tout ce chemin pour lequel j’aurai voulu que François soit encore là.

Nadja Gaudillière-Jami

Cher François,
Je t’ai rencontré en 1993 alors que se jouait «  Pour ramasser la rose  » dans lequel Frédéric chantait. J’ai tellement vu ce spectacle, que j’en connaissais chaque chanson, chaque scène. Je découvrais une musique singulière, originale qui mêlait la comédie musicale, la pop, la musique classique et contemporaine. Elle portait en elle, quelque chose de lumineux qui me fascinait. Quelques mois plus tard, tu me faisais auditionner et depuis ce jour, tu n’as cessé de me faire confiance pour porter ton univers musical aussi bien à la scène…

Tu as été à l’égard des musiciens, des chanteurs, des personnes que tu choisissais pour partager tes spectacles, d’une grande loyauté, d’une grande fidélité. Tu as été un précurseur, un homme à la pointe du progrès, proposant des défis en avance sur ton temps tels que l’utilisation de loop et de la table de mixage sur scène…

Marie Faye

Les années 80 – compositeur pendant le festival Harlekin Art à Metz

 …Peut-être que parmi les mille choses qu’on pourrait évoquer ici pour sentir tout ce qui vit grâce à toi entre nous tous, je choisis quelques-unes, parmi tant d’autre possibles, pas forcément les plus évidentes…

…Par exemple, ta manière de poser des questions. 

Comme on a écrit pas mal ensemble et que pour chaque texte il y a eu de très nombreuses conversations, ce qui m’a frappée rapidement c’est lorsque tu disais ou tentais ou proposais quelque chose, et que tu posais la question de ce qu’on en pensait (« qu’est ce que tu en penses ? » ), ce n’était jamais rhétorique. Ce n’étaient pas les mêmes questions que celles qu’on pose souvent pour forcer un peu une réaction, vérifier quelque chose. C’était des questions dont tu écoutais réellement la réponse. Et la réponse, qu’on était parfois tenté de vite formuler pour aller de l’avant et faire plusieurs choses en même temps (entretenir un accord, entretenir un fil de discussion, etc.), la réponse devait donc être à la hauteur, responsable au plein sens du terme. J’ai donc souvent été touchée et admirative du mélange d’autorité scientifique, de positions très fortement assumées, de puissance théorique et érudite dans les arguments, et de doute réel intense, de scrupule, d’attente authentique à l’égard de ce que je pouvais en penser. Ce qu’on disait comptait. Il y a eu des appels téléphoniques, je me souviens des lieux où j’étais pendant ces appels, où je comprenais que tu pouvais décider de quelque chose en fonction de ma réponse, ce qui est quand même si rare. Je te rappelais ensuite tant j’étais travaillée par cette responsabilité et par le sentiment de ne pas avoir assez pris au sérieux ma propre réponse. Et la conversation reprenait…

…Le mélange, une manière de tout articuler, qui est une écologie, une écologie incarnée dans la vie.

Il y avait par exemple le trésor inestimable des liens affectifs qu’on ne cache pas mais qu’on intègre pleinement à ce qu’on pense et qui nous occupe, en particulier ce qu’on cherche à vivre au plan politique. Par exemple les idées pensées et vécues avec Eva, qui étaient immédiatement restituées comme étant votre commun,  et qui enrichissaient tout ce que tu faisais avec autrui. Ce qui est rare c’est de sentir à quel point des choses comptent, et combien elles sont reliées. C’est ce dont on parlait avec Guillaume Heuguet le lendemain de ton départ : on parlait de ta manière si intense de tout mélanger avec une si grande précision…

Joëlle Le Marec

…Je me souviens surtout, et encore plus, de la discussion qui a suivi cette présentation académique. Sur les marches de la Maison des Sciences de l’Homme à Dijon nous avons parlé de basse, de jazz-rock, de rock progressif… de Tony Levin et d’Alain Caron, parmi tant d’autres choses. Un premier échange à l’image de ce qui nous amènera à nouer en premier lieu quelques collaborations, puis une amitié, réelle. Un échange passionné, sincère et ouvert.

Quelques années plus tard et après diverses collaborations, tu es venu – avec l’enthousiasme et l’engagement que nous te connaissons tous -, nous présenter l’idée d’un nouveau projet : le projet ASMA, pour « Arts de la Scène et Musique dans l’Anthropocène »…

En effet, tu as su réunir autour de toi, et fédérer cette diversité d’approches, de points de vue et de contributions pour en faire un ensemble cohérent. Ce projet est incontestablement une réussite. Les nombreuses actions, réalisations et publications qui en sont issues, ainsi que celles à paraître, en attestent. Ton dernier ouvrage est une preuve indéniable de l’épaisseur et de l’actualité de tes réflexions sur les sujets qui ont irrigué ce projet….
Merci pour tout.

Fabrice Pirolli

Enregistrement avec Eva et Cathal, 2014

Quelques années plus tard je travaille désormais dans un théâtre et François prend contact avec moi pour imaginer un projet pour ses étudiants. Au Déclicà Dijon il me dit : « Qu‘est-ce qu‘on peut faire ? » Le sous-texte de cette question c‘est : Qu‘est ce qu‘on peut proposer et qui n‘est pas habituel ? Je retrouve ce sentiment qui m‘était familier pendant ses cours, cette conviction que j‘allais à nouveau sortir de ma zone de confort et qu‘il allait me pousser à aller plus loin dans ma pratique professionnelle. C‘est ce qui s‘est passé, avec une pandémie qui a nous forcé à nous réinventer et rebondir une nouvelle fois. A la fin il m‘a dit « c‘était brillant » et j‘étais fière que mon ancien professeur, celui-là particulièrement, prononce ces mots….

Et François était lui. Unique. Singulier. Rieur. Résolu. Chercheur. Enthousiaste. Mélomane.

Alexandra Chopard

Prix de composition Pro Lyrica (SACD) avec Hervé Le Tellier pour la création de l‘opéra QUI EST FOU ? 1999

Je souhaiterais témoigner de la générosité de François, de son enthousiasme aussi. L’université va vite. Non pas qu’il n’y ait pas d’intérêt des chercheur·euses plus avancés, mais iels n’ont pas toujours le temps. François le prenait et se faisait un plaisir de discuter, d‘oser des détours, d’encourager surtout – il veillait toujours à le faire – de challenger aussi : n’était-on pas un peu en train de répéter une doxa ?

Lorsque l’on avait rendez-vous, je savais quand on commencerait, mais jamais quand est-ce que l’on terminerait. Et ce que je pensais qui allait être un court appel pouvait se transformer en deux heures et demie de discussions à bâtons rompus, passant de l’histoire des techniques, à une critique acerbe du concept de réseau, une longue liste de livres à lire absolument. Des discussions sur la musique aussi, ses mythologies, le prog rock, les Beatles bien sûr –impossible d’y échapper –et plus récemment le pedal steel, instrument qui malgré toute la pédagogie de François parait, pour le piètre musicien que je suis, complétement hors d’intelligibilité !

Tout cela faisait l’expérience d’une rencontre avec François. À plusieurs reprises il a été pour moi – et je sais que c’est vrai pour d’autres – un bol d’air. De douceur également, dans le duo formé avec Eva, que j’ai ressenti de la première rencontre à Porto où elle était aussi présente, à une tasse de thé dans leur appartement dijonnais ou leur jardin dans le Morvan.
François, merci pour ton amitié. Je garderai ton enthousiasme et ta générosité, goodbye boy,

Loïc Riom

« Isn’t It a Pity« 

En 2013, nous avons présenté Tout un monde de Strat(e)s à La Rochelle. La représentation suivante a eu lieu à Mimizan. Avec de nouveaux musicien-ne-s amateurs. La première partie de Tout un monde de Strat(e)s était composée de songs de « All Things must pass » album de George Harrison.

Voici une première rencontre avec les participants à ce nouveau spectacle. François commente la chanson : Isn’t it a pity.

In 2013, we performed Tout un monde de Strat(e)s in La Rochelle. The next performance was then in Mimizan. With new amateur musicians. The first part of Strates consisted of some songs from « All Things must pass » by George Harrison. Here is a first meeting with the people involved in the new performance. François comments on the song : Isn’t it a pity.

Pedal steel guitar

Une vidéo de janvier 2024. François s’était acheté une steel guitar Discovery E9 Mullen en 2023 et la travaillait quotidiennement.

A video from January 2024. François had bought a steel guitar Discovery E9 Mullen in 2023 and worked on it every day.

© Guy Vivien 1995

30 November 2024 – a tribute to François Ribac

We grew up and grew old together, even when we lived in different places…

A shared history – of political passions – the ‘T3’ of the Ligue Communiste Révolutionnaire; the expectations raised by democratic opposition in the countries of Eastern Europe; the disillusions too; and much later issues of Mouvements – but also of fascination for surrealism, of literary and pictorial discoveries, and of course music. François is responsible for many of our great classics, starting with Marthaler’s hilarious stage productions…

Because sharing was also sharing a sense of humour – François’ insolent, devastating sense of humour, nourished by his Jewishness.…

François was an attentive, discreet friend who knew us well, who sometimes understood things we didn’t know ourselves, who respected our choices and our tastes…

François taught us a lot, right up to the end. Dignity. He didn’t want to suffer. It was with great emotion that we measured the trust he showed us at a time when our shared history was about to come to a violent end.

For all this, with François, a part of us is leaving.

Irène Jami

Voyage dans les jardins anglais 2005

I met François for the first time 38 years ago, in 1986. That year, I was commissioned to direct a show in Offenbach, a small town near Frankfurt am Main, adapted from Sur la route by Jack Kerouac….In Offenbach, I asked the person commissioning the show to bring together a small jazz ensemble in addition to the actors and actresses, and François immediately started rehearsing with them….

I don’t have a lot on my plate, but I try to put on a brave face in front of the cast. I take my cue from François, who is so solid, precise and joyful with his musicians. That’s the lesson I learn from him: no sad passion, you have to do what you have to do honestly, aware of the difficulties without ever giving them the upper hand….

For seven consecutive years, we worked together. François agreed to become the composer of the Harlekin Art festival that I founded in Bayreuth and Turin, before moving it to Metz. It’s a very special festival. Five or six theatre groups in the process of becoming professional are invited together for two months each year. They are selected on the basis of their performance project, which is supported by the festival and fully funded by the European Union. As well as providing accommodation and catering, the professional team advises on design (staging and dramaturgy) and produces sets, costumes, masks and incidental music, which the troupes take with them as they set out on their professional journey. A dozen or so collaborators share the groups, but François is the only one to compose the incidental music for all the shows – he may well have composed around forty of them. He works very intensely and very quickly. That’s where I learned my job, he would later tell me.

Eva, whom I met in Berlin, took part with a group of young actors. François composed some fabulous songs for her show about the Dolomites and the bananas that East Germans would come to West Berlin to buy on the night the wall came down. These two found each other for good and I became friends with them both, so proud and touched by their meeting at my festival.…

In 2019, renewing our old collaboration, I’m coming to Dijon to take part in the gigantic Grand Orchestre de la Transition project. I’m in charge of a group of university students whom I’m introducing to the mask game. They want to represent non-human entities, melting glaciers, mountain torrents, disastrous floods, animals fleeing global warming by going underground. They will use larval masks from the neighbouring Basel carnival to a precise score composed by François. They are the ones featured on the cover of François’ latest book, Arts de la Scène et Musique dans l’Anthropocène

Didier Doumergue

Fin des années 70 © Xavier Lambours

….Also, the conversations between friends and sometimes more had obviously taken the form of a group – Rature et Négation – a very good name for a punk rock group – but here we were even more ambitious, flirting with all sorts of avant-gardism: political, literary, musical… and for the latter it was a lot of improvisation and a bit of so-called free jazz. François had a very special place in it because music was unambiguously his thing…

…After the declaration of the state of siege in Poland in 1981, François also became involved in supporting the democratic opposition in Eastern Europe, travelling to bring in underground newspapers, books and equipment, and… meeting people. François was marvellous at this. One memorable trip, to Prague, was when he took us to see one of the musicians from the banned rock group Plastic People of the Universe, resulting in a meeting that started one afternoon and ended at midday the next day after a night of wandering around the city, talking about the future of Charter 77, drinking beer (not François, of course) and listening to music between his flat, those of his friends, and the museum where he worked as a night watchman.

And then everyone went their own way, without losing each other, but at a distance, if only because of the moves. Fortunately, friendship doesn’t just take time; it also creates time, of a different quality, for example with François and Eva’s constant invitations to stay at St Valérien, another place where we could share life, with the extraordinary garden that Eva tended there, with the sea less than an hour away, and with the care and humour that François showed our daughters.

St Valérien was also the base for another encounter between us, this time around music and science. François, the perfect self-taught man, had decided to do a thesis. And he started reading up on the social sciences of culture, as he had been doing since the 118s, in a bulimic way and in unexpected directions, taking on the question of know-how, learning by doing, and their role in the musical experience. And like Rancière’s Jacotot, capable of learning and thinking for himself by arranging relationships with others in his own original way, François has mobilised his friends, old and new. So once again, St Valérien was also about evenings – not quite nights, as we grow older – talking about life, of course, but also about social studies, science and technology. And it all culminates in this fascinating book : l‘Avaleur de Rock, with its practices, its groups, its studios, its media, its concerts, its labels…

So to leave you with just one quote, from « Racine carrée du verbe être » : : « If it is true that we are full of ghosts and that these ghosts protect us as we protect those for whom we are ghosts, then I think of you whom I would have loved and I tell you that you are my most beautiful ghosts. »

Ciao boy. Thank you for all your time.

Jean-Paul Gaudillière

Francois was my uncle and much more. He meant a lot to me. His courage and integrity both guided and comforted me. …I didn’t always share his intransigence, but I always respected his indignation, his anger, his uprightness, his ability to stand up for himself…

He was one of those who chose justice over comfort, and he was undoubtedly difficult at times, but he was never mediocre. He could never have been cowardly or neutral, and would probably have embraced the idea that « neutrality always benefits the executioners, never the victims »…

Thank you for having embodied for me the possibility of a beautiful and uncompromising life, of becoming an adult while keeping intact the purity and vulnerability of a little boy of 63, never betraying himself, never denying, knowing how to see and find love and beauty where they were…

Francois, you offered me your love and your understanding, and you helped me to move forward.

Thank you Francois for embellishing my life.

Julie Creven

Répétition Tout un monde de Strat(e)s 2013
© Marie Monteiro

….And then François looked at Flora and me and told us to come and see something. The thing was two guitars, one for Flora to accompany her on vocals, and the LesPaul for me.

Flora and François and I sat upstairs in the micro studio where his guitars are stacked up to the ceiling. Flora and I improvised, François listened, and then he said « the guitars have been adopted ».

He told me to come and record in the Morvan. I came with a friend, we got out the bass and the LesPaul, we played and we sang. We recorded something terrible, which François fixed as best he could. We recorded something horrible, but we learnt a lot of things. François listened to me play classical guitar, after all. He told me he was glad I hadn’t given up. The conservatoire had been rehabilitated a bit…..

….When I hear music I don’t know, I always think of François. It often happens that you hear music you don’t know. Music, in our house, is a family affair. A family with François and Eva.

I won’t miss La LesPaul. Her music will go a long way with me. I wish François was still here.

Nadja Gaudillière-Jami

Dear François,

I met you in 1993 when « Pour ramasser la rose », in which Frédéric sang, was being performed. I’d seen so much of that show that I knew every song and every scene. I was discovering a singular, original music that blended musical comedy, pop, classical and contemporary music. There was something luminous about it that fascinated me. A few months later, you asked me to audition and since then you’ve never stopped trusting me to bring your musical universe to the stage…

You have been extremely loyal and faithful to the musicians, singers and people you have chosen to share your shows. You were a trailblazer, a man at the cutting edge of progress, proposing challenges ahead of your time such as the use of loops and mixing desks on stage…

Marie Faye

Répétition Tout un monde de Strat(e)s 2013 © Marie Monteiro

…Perhaps among the thousand things we could mention here to get a feel for all that lives between us thanks to you, I’ll choose a few, among so many possible ones, not necessarily the most obvious…

….For example, the way you ask questions.

As we wrote quite a lot together and there were many conversations about each text, what struck me quickly was the fact that, in relation to what you were saying or trying out or proposing, when you asked the question of what we thought about it (« what do you think? »), it wasn’t rhetorical. They weren’t the same questions you ask to force a reaction, to check something out. These were questions to which you really listened for the answer. And the answer, which we are sometimes tempted to formulate quickly in order to move forward and do several things at once (maintain an agreement, maintain a discussion thread, etc.), the answer had to be up to the task, responsible in the full sense of the word. So I was often touched and admired by the mixture of scientific authority, very strongly held positions, theoretical and erudite power in the arguments, and intense real doubt, scrupulousness and genuine expectation of what I could think. What was said counted. There were phone calls, and I remember where I was during these calls, where I understood that you could decide something based on my answer, which is extremely rare. Then I’d call back because I was so consumed by this responsibility and by the feeling that I wasn’t taking my own answer seriously enough. And the conversation resumed…..

…..The mixture, a way of articulating everything, which is an ecology embodied in living life.

For example, there was immediately the priceless treasure of emotional ties that we don’t hide, but that we fully integrate into what we think and what occupies us, in particular what we seek to live politically. For example, the ideas you think about and live with Eva, which are immediately returned to you and enrich everything you do with others. What’s rare is to feel the extent to which things matter, and how much they are connected. That’s what Guillaume Heuguet and I were talking about the day after you left: your intense way of blending everything together with great precision. …

Joëlle Le Marec

…I remember above all, and even more, the discussion that followed this academic presentation. On the steps of the Maison des Sciences de l’Homme in Dijon we talked about bass, jazz-rock, progressive rock… Tony Levin and Alain Caron, among many other things. It was an initial exchange that was to lead to a number of collaborations, and then a real friendship. A passionate, sincere and open exchange.

A few years later, after a number of collaborations, you came to us – with the enthusiasm and commitment that we all know you for – with the idea of a new project: the ASMA project, for « Performing Arts and Music in the Anthropocene »…

Indeed, you’ve been able to gather around you and federate this diversity of approaches, points of view and contributions into a coherent whole. This project is undoubtedly a success. The many actions, achievements and publications that have come out of it, as well as those yet to be published, bear witness to this. Your latest book is undeniable proof of the depth and topicality of your reflections on the subjects that have fuelled this project….

Thank you for everything.

Fabrice Pirolli

Au Studio MESA 2014

…A few years later I was working in a theatre and François got in touch with me to come up with a project for his students. At the Déclic in Dijon he said to me: « What can we do? » The subtext of this question is: What can we offer that is not usual? I rediscovered the feeling that was familiar to me during his classes, the conviction that I was going to step out of my comfort zone again and that he was going to push me to go further in my professional practice. That’s what happened, with a pandemic that forced us to reinvent ourselves and bounce back once again. At the end he said to me « that was brilliant » and I was proud that my former teacher, this one in particular, would say those words….

And François was him. Unique. Singular. Laughable. Resolute. Inquisitive. Enthusiast. Music lover.

Alexandra Chopard

Berlin hiver 2017

I’d like to testify to François’ generosity and enthusiasm. Universities move fast. Not that more advanced researchers aren’t interested, but they don’t always have the time. François took it in his stride and was happy to discuss things, to dare to take detours, above all to encourage – he was always careful to do this – and also to challenge: weren’t we just repeating a bit of a doxa?

When we had an appointment, I knew when we would start, but never when we would finish. And what I thought was going to be a short call could turn into two and a half hours of rambling discussions, ranging from the history of technology, to an acerbic critique of the concept of the network, to a long list of must-read books. There were also discussions about music, its mythologies, prog rock, the Beatles of course – there’s no escaping them – and more recently the pedal steel, an instrument which, despite all François’s teaching, seems to me, a poor musician, to be completely unintelligible!

All this was the experience of an encounter with François. On several occasions he was for me – and I know it’s true for others – a breath of fresh air. The sweetness, too, in the duo formed with Eva, which I felt from the first meeting in Porto, where she was also present, to a cup of tea in their flat in Dijon or their garden in the Morvan.

François, thank you for your friendship. I’ll keep your enthusiasm and generosity, goodbye boy,

Loïc Riom

Janvier 2024 © Élodie Jarrier