Marguerite Ida and Helena Annabel Opera
François Ribac and Eva Schwabe
François Ribac and Eva Schwabe
No Man’s Land Records
Décembre 1993 – Rubrique disques
Eva Schwabe (voix) , François Ribac (claviers)
1 CD No Man’s Land NML 9319 (distribué par Orkhestra)
Enregistré en 1992- Minutage : 57 ‘
ADD -Technique : 8
Excellent compositeur de musiques de scènes, Ribac prouve avec ce premier opéra de chambre qu’il est aussi l’un des musiciens les plus originaux et les plus prometteurs de sa génération. Reprenant le thème du double- Faust/Mephisto- présent dans l’ultime ouvrage de Gertrude Stein, Ida (écrit en France en 1940), le musicien conçoit un opéra pour personnage unique où la voix alterne texte parlé et chant. À l’image de Weill, Eisler, Berio, Rota, Ashley, Ribac puise son inspiration dans les musiques populaires, le folklore d’Europe centrale, le jazz, qu’il mêle à des formes anciennes -récitatif, cantilène ou fugue…
« La beauté phonétique du texte, le retour perpétuel à des mêmes thèmes » permettent au musicien de varier sa palette stylistique et la cohésion de son matériau musical. Les numéros s’enchaînent, multipliant les mélodies entêtantes hantées par le verbe steinien.
Marguerite Ida Helena Annabel est lié à la personnalité extraordinaire d’Eva Schwabe, qui trouve immanquablement le ton juste.. et manie les langues en virtuose ! Sa performance était encore plus impressionnante lors des représentations parisiennes de l’opéra au Théâtre du Roseau en mai 1992, où l’interprète changeait elle-même le décor ! François Ribac utilise avec une science infinie les ressources du clavier électronique -notamment pour imiter les instruments dont il n’a pu disposer. On souhaiterait maintenant entendre cet opéra dans sa version (elle existe !) pour instruments traditionnels.
Franck Mallet
Mars 1994 – Rubrique disques
1 CD No Man’s Land NML 9319
Bob Wilson avait monté en Allemagne, puis à Gennevilliers chez Bernard Sobel le même texte de Gertrude Stein Dr Faustus Lights the Lights. La partition musicale de François Ribac, au sujet de laquelle aucune information n’est fournie dans ce disque, hormis le numéro de tel du compositeur (sic !) nous parvient comme un OVNI, constitué par un fort séduisant mélange de musiques répétitives et d’imitations à peines dissimulées des meilleures inspirations de Kurt Weill, au cours de son existence berlinoise. L’acordéon y cotoie l’électro-acoustique dans un essouflant et lancinant mouvement perpétuel où s’égrènent les prénoms de Marguerite, Ida, Helena et Annabe. Au pire, nous nous retrouvons dans des cartoons, au mieux dans une adaptation on ne peut plus libre du mythe de Faust. Des chœurs interviennent tandis que la multi-vocale Eva Schwabe singe le Dr Faustus en se pinçant le nez? Elle le nargue. Du rythme syncopé, au mélange de l’anglais et de l’allemand, en passant par la fusion des technologies actuelles mises au service de l’ambiance de cabaret germano-américain des années 20/30. Le jeu sur les mots répétés ou non se rajoute comme un tic sémantique que nous aurions repris à des auteurs prophétiques comme Gertrude Stein, déjà inspiratrice de Virgil Thompson.
Ludique à gogo, montage d’instruments, mixage de sonorités de téléphone, bruitages trés affinés, cette œuvre, ce disque sont ausi mystérieux que plein d’un charme (inégalement diffusé) qui ne vous quittent guère. Même si l’on pressent que l’auteur est aussi épigone qu’original? Un CD roué, insolite, à offrir, pour surprendre !
Claude Glayman