Le regard de Lyncée
François Ribac
François Ribac
Gazul/Musea
27 janvier 2001 – Sélection disques
Généralement, les musiques conçues pour un spectacle (chorégraphie, théâtre…) ou un film perdent de leur impact lors du passage au disque. Un écueil auquel échappe Le Regard de Lyncée, “bande-son” du spectacle éponyme créé au Forum Culturel du Blanc-Mesnil (Le Monde du 23 avril 1999).
Sans mettre entre parenthèses cette histoire de l’image depuis le XIXe siècle jusqu’à l’Internet, riche à la scène d’effets de lumière, apparitions et métamorphoses, l’œuvre musicale dégage sa propre vie.
Le bassiste, guitariste, claviériste et compositeur François Ribac puise dans différents genres (jazz, cabaret, pop…) sans s’y perdre et emprunte au format narratif de la chanson – textes de Goethe, Marie-Claire Pasquier, Hervé Le Tellier, Serge Grünberg – en évitant le surlignage de la déclamation. Les parties instrumentales s’insèrent au juste moment, le mélange des langues (français, allemand, anglais) active l’attention. Parfaitement interprété par une petite formation de vents (flûtes, clarinettes, saxophones, trompette) et de percussions, Le Regard de Lyncée est aussi une démonstration sensible et pensée du lien possible entre sons électroniques et acoustique.
Avec sa dédicace à Robert Wyatt, Le Regard de Lyncée s’inscrit dans ces enregistrements hors des modes, marqué par des va-et-vient subtils entre gaieté et mélancolie.
Sylvain Siclier
1 CD Gazul Records GA 8641.AR.
Distribué par Musea.
2000
Compositeur et musicien, François Ribac n’est pas un nouveau venu sur la scène des musiques «créatives» et, outre des musiques de films, courts et moyens métrages et documentaires, dont certains pour la chaîne Arte, il a créé en 1995 la Compagnie Musiques en Scène, a réalisé, entre autres, Kinopera, un opéra pour le film La Rue de 1923, Le Regard de Lyncée en 1999 qui a marqué le début de sa résidence pour trois ans au Forum Culturel du Blanc-Mesnil, et a assuré la mise en scène et la nouvelle orchestration de l’opéra Marguerite Ida et Helena Annabel en 2000.
L’opéra Le Regard de Lyncée, troisième CD réalisé par François Ribac pour Musea (cette fois chez Gazul), est dédicacé à Robert Wyatt, l’un de ses inspirateurs. Si, au premier abord, on peut rapprocher cet opéra du travail de Michael Mantler, et même du projet Soup Songs, on remarque vite une instrumentation plus électrique. En effet, les flûtes, clarinettes, saxophones, bugles, trompettes, batterie et piano sont augmentés de nombreuses percussions (marimba, crotales, gongs, zarb…), de guitare et basse électriques, ainsi que de programmations, samples et «vocoders» qui donnent une couleur différente à l’oeuvre. Mi-comédie musicale, mi-théâtre, les textes sont lus ou chantés, parfois avec des voix légèrement trafiquées, et certaines parties de chant ne sont pas sans rappeler les ritournelles de Toupidek Limonade.
Notons que François Ribac a été en 2000 lauréat du concours de composition de la SACD et prix «Musique nouvelle en liberté» pour sa comédie musicale Qui est fou ? prévue en 2001. Espérons que Gazul suivra…
Sylvie Hamon
Avec sa dédicace à Robert Wyatt, Le Regard de Lyncée s’inscrit dans ces enregistrements hors des modes, marqué par des va-et-vient subtils entre gaieté et mélancolie.
Sylvain Siclier
1 CD Gazul Records GA 8641.AR.
Distribué par Musea.
Septembre 2000 – Rubriques disques
Comme d’autres jeunes français nés à l’orée des années soixante tels François Narboni, Vincent Bouchot et Kasper Toeplitz, François Ribac compose dans un style qui intègre les courants les plus divers. Ainsi trouve t-on dans ses ouvrages des éléments de musique contemporaine (écriture sérielle, spectrale ou minimaliste) mais également du rock et du jazz. Sa musique se destine à la scène comme ses deux précédents ouvrages La Nef du Roi Moselle (Muséa 1992) et Marguerite Ida et Helena Annabel (No Man’s Land 1993- Le Monde de la Musique n° 172). Par leurs changements rythmés d’atmosphères et d’orchestrations, les musiques de Soft Machine et Frank Zappa semblent les modèles lointains de ce Regard de Lyncée. En fait, la démarche de François Ribac se rapproche de celle de Mike Westbrook dans sa volonté de rassembler au sein d’un même spectacle textes, musique, vidéo et image de synthèse. Ici dans la figure peu connue du héros grec Lyncée (guetteur voué d’omniscience), le compositeur évoque les nouvelles technologies de l’image et leur réalité virtuelle, à partir d’une narration qui nous transporte de l’antiquité au XXe siècle sur des textes de Marie-Claire Pasquier, Serge Grünberg et Hervé Le Tellier. Créé en avril 1999 et joué notamment en Seine-Saint-Denis, Le regard de Lyncée perpétue, tout en la renouvelant, une forme de comédie musicale. Les voix d’Eva Schwabe, Marie Grenon et Ken Norris ont le timbre et la souplesse idéaux pour restituer la vitalité de cette musique.
Franck Mallet
Marie Grenon, Eva Schwabe, Ken Norris, (voix), Jacques Allaire (récitant), Sylvaine Candille (flûtes), Francis Touchard (clarinettes), Frédéric Saumagne (saxophones), Yann Martin (bugle, trompette), Nathalie Rives (percussions), François Bellin (batterie), François Ribac (claviers, guitares).
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1 CD Gazul GA 8641 AR (distribué par Muséa)
texte de présentation et livret en français
-Enregistré en 1999- Minutage : 1h 3′
DDD